On retrouve en actualité de ce mardi 7 août, au matin, de nombreuses photos dans la presse sportive de la nageuse française Charlotte Bonnet, sacrée championne d’Europe du 200 m à Glasgow, le lundi 6 août 2018.
C’est un jeune prodige de la natation qui vient de concrétiser un rêve alors qu’elle est entrée très jeune en équipe de France et qu’elle a rapidement pris ses marques, étant par la même occasion propulsée chef de file de la natation féminine. Et elle confirme son statut cette semaine en devenant championne d’Europe du 200 m, lundi 6 août à Glasgow. Et comme si cela ne suffisait pas, on a en plus la gagne en famille puisque, histoire de parfaire le scénario, son compagnon, le Suisse Jérémy Desplanches, s’est offert le 200 m 4 nages dans son sillage.
Si vous avez parié sur cette nageuse sur vos sites de paris sportifs en ligne habituels, vous devriez donc être autant aux anges que Bonnet qui avait quant à elle tant rêvé de ce premier succès individuel en grand bassin. N’ayant jamais pu imaginer plus beau dénouement, elle racontera alors, sa médaille d’or autour du cou : « Quand je l’ai vu gagner, je n’en revenais pas ! J’étais encore plus émue de voir sa course qu’à l’arrivée de la mienne. Même lui ne pensait pas gagner, il m’avait dit qu’il voulait faire un podium, c’est tout. ». Il s’agit ici de sa seconde médaille d’or de sa semaine écossaise, tout juste après celle obtenue avec le 4×100 m dames la semaine dernière, vendredi 3 août 2018.
Avant de revenir en détail sur cette dernière performance, il nous paraît intéressant et judicieux de rappeler qu’un peu plus tôt, la nageuse de 23 ans était devenue la première française à remporter le titre continental sur la distance. Elle le fera avec 1 min 54 sec 95 au compteur, un temps qui représente en fait pour elle un tout nouveau record personnel (contre 1:55.53). Mais si ce record signe ici l’aboutissement d’une longue et heureuse quête, il n’en reste pas moins qu’elle a été parfois plutôt douloureuse.
Le parcours de cette jeune femme commence en 2010, alors que tout va très vite pour celle qui deviendra hier la championne d’Europe. C’est précisément cette année qu’elle quitte la Bretagne de son enfance. Elle se dirige alors vers Nice, une ville qui deviendra alors très vite une place forte de la natation française. Tout juste un an après, les portes de l’équipe de France s’ouvrent à elle. Alors qu’elle n’a que 16 ans, elle participera aux pour les Mondiaux-2011 à Shanghai.
Élève de Fabrice Pellerin, elle montera déjà sur podium olympique en 2012, avec le relais 4×200 m dames. Elle figurera alors aux côtés notamment de sa grande amie et partenaire d’entraînement, Camille Muffat. Deux amies et compatriotes qui remettront alors le couvert en recommençant le même exploit, toujours à deux, aux Mondiaux-2013, à Barcelone.
C’est un très beau début de carrière que vient alors d’enclencher la nageuse. Mais le tempo viendra alors ralentit cette impatiente de nature qui voit alors les absences trop longues de compétitions devenir un supplice pour elle. Elle éprouve de nombreuses et viscérales difficultés à gérer ces différentes attentes de plus en plus pressantes.
Des empressements qui ne joueront pas forcément en sa faveur, comme ce fût alors le cas aux Championnats d’Europe 2014 qui se déroulaient à Berlin. Une compétition qui suivra la retraite sportive de Muffat, et qui la propulsera au poste de leader des Bleues, alors qu’elle n’a à peine que 19 ans. Un âge vraiment pas assez mature pour endosser ce rôle. Un poste qu’on lui aura alors concédé trop vite, alors que la discrète Bonnet est habitée par le doute. Elle confirme encore à ce jour ce petit doute en ne revendiquant absolument pas ce rôle qui ne colle pas, selon elle, à son tempérament.
Elle sera également particulièrement affectée par la disparition de Muffat, qu’elle considérait comme « grande sœur », partie subitement et trop tôt dans un accident d’hélicoptères sur le tournage d’une émission de télé-réalité en Argentine au début 2015. Elle sera touchée en plein cœur, se retrouvant profondément et durablement affectée par ce décès qui aura marqué et choqué toute une nation.
Elle rendra alors un très bel hommage en arborant un bonnet rose dédié à son amie sur la tête et en nageant « pour elle », non sans chagrin, mais avec pudeur, trois semaines plus tard aux Championnats de France, les baskets fétiches de Muffat dorées et décorées d’oursons au bord du bassin…
Sa peine continuera même de l’escorter lorsqu’elle obtient le bronze européen sur 200 m à Londres en 2016. Ce sera en effet dans le bassin olympique où Muffat a été sacrée sur 400 m quatre ans plus tôt. Elle reconnaîtra alors, après sa victoire : « Ce bassin, il me rappelle beaucoup de souvenirs, ça me tenait vraiment à cœur de réussir cette course. Ça signifie beaucoup pour moi. ».
Elle aura alors pour objectif principal, tout au long de ces deux dernières années, d’extérioriser les douleurs qu’elle gardait enfouies tout au plus profond de son esprit et de son cœur. Ce sera d’ailleurs une des raisons qui l’amèneront à entamer un travail avec Meriem Salmi, une psychologue qui mettra tout en œuvre pour l’aider à se reconstruire. La thérapeute témoignera même à ce sujet, dans son livre « Croire en ses rêves et trouver son chemin » aux éditions Fayard, 2018 : « Engagée, courageuse, intelligente, mais plutôt timide et réservée en ce qui concerne ses émotions. ».
Ses débuts seront alors pénibles, mais il faut bien admettre que la démarche sera quant à elle salvatrice. Elles abordent alors, ensemble et au moins une fois par mois, toutes les questions que se posait la nageuse. Que ce soit sur la façon dont elle abordait les compétitions, les entraînements, ou de la manière avec laquelle elle gérait sa vie à côté, tout en prenant conscience de qu’elle avait pu traverser ces dernières années. Bref, Charlotte se livrait totalement, comme elle l’avouera en mai auprès de l’AFP.
Elle expliquera également à propos de cette thérapie, ce lundi 6 août 2018 : « Chaque nouvelle séance me met encore plus en confiance. À chaque fois, je fais un pas en avant. Avant, j’étais incapable d’arriver dans un championnat en étant un peu sereine. J’avais toujours une énorme part de doute, d’incertitude. Aujourd’hui, j’arrive à canaliser tout ça. ».
À présent, le monde du sport et surtout Pellerin, voient déjà plus loin : « Maintenant qu’elle a ouvert la porte, on va vouloir l’observer dans la pièce suivante. ». Une occasion pour vous de vérifier sa cote sur Winamax ou sur PMU et de peut-être miser une petite pièce sur cette championne qui vient de s’imposer et qui a bien l’intention de ne pas s’arrêter là, pour tout donner lors des prochaines compétitions internationales…